Une espèce unique en son genre
Le Balbuzard pêcheur est un rapace très particulier puisqu'il est le seul représentant de sa famille (Pandionidae). Espèce cosmopolite et migratrice, elle est présente sur tous les continents hormis l'Antarctique.
Assez grand, au corps élancé et aux ailes longues et fines, la longueur totale de l’oiseau adulte est de 50-60 cm et son envergure de 145-175 cm. Son poids varie de 1.2 à 2 kg, la femelle étant plus imposante que le mâle. Le dos et les ailes sont brun foncé chez l’adulte et contrastent avec le ventre blanc. Les parties inférieures sont claires avec une tache sombre au poignet et une barre brune sous l’aile. La queue est courte et carrée, la tête fine et proéminente, blanche avec un masque noir et des yeux jaunes. Le bec crochu est long, noirâtre et gris-bleu à la base. Les pattes sont gris-bleu.
En tant qu'espèce piscivore, le Balbuzard pêcheur présente des caractéristiques morphologiques adaptées à son régime alimentaire spécialisé puisque une de ses 4 serres courbées et acérées possède la capacité de se tourner vers l'arrière (zygodactyle) pour permettre une meilleure capture des poissons.
La différence de poids et de la pigmentation brune sous-alaire plus marquée chez la femelle constitue deux signes de dimorphisme sexuel. Associé à cela, les femelles possèdent généralement un plastron d’une coloration plus foncée que les mâles chez qui il est absent ou peu marqué. Ces critères peuvent varier d’un individu à l’autre et ne permettent pas toujours la distinction (Standberg, 2013). Les jeunes de l'année sont différenciables des adultes grâce à l'aspect écailleux des contours des plumes du dos et des ailes.
Espèce semi-coloniale, les couples forment des colonies lâches dont les nids peuvent être distants de quelques kilomètres.
Une des grandes particularités de l'espèce reste son caractère philopatrique. Après deux ans passés sur les zones d'hivernage (Afrique de l'ouest et péninsule ibérique), les jeunes reviennent nicher au plus près de leur zone de premier envol puisque 75 % des mâles construisent un nid à moins de 25km de leur lieu de naissance.
Son histoire en France
Persécutée par l’Homme, impactée par la pollution des milieux aquatiques et notamment par les pesticides, la population européenne de ce rapace piscivore a connu un très fort déclin dans le passé. (Poole, 1989 ; Meyburg et al., 1996 ; Mebs & Schmidt, 2006 ; Dennis, 2008).
Fin XIXème-début XXème siècle, l’espèce est considérée comme éteinte en Grande-Bretagne, Allemagne, Belgique, Espagne, Italie et en Suisse.
En France continentale, le Balbuzard pêcheur est classé nuisible en 1902 et les derniers couples nicheurs disparaissent en 1903. (Nadal & Tariel, 2008). En 1964, un premier arrêté du 24 novembre interdit la destruction de l’espèce. Par la suite, l’arrêté ministériel du 24 janvier 1972 fixe la protection totale des rapaces diurnes et nocturnes.
En Europe, les mesures de protection prises à partir des années 70 vont favoriser le retour de l’espèce et un accroissement des couples reproducteurs. En France, le Balbuzard pêcheur va également bénéficier de ce statut d’espèce protégée et en 1984, un couple vient spontanément nicher à nouveau, le long de la Loire en Région Centre. Les opérations menées dans les années 70 par le FIR (Fond d’Intervention pour les Rapaces), puis plus récemment par la « LPO Mission Rapaces » dans le cadre des 2 Plans Nationaux d’Actions (1999-2004 / 2008-2012) ont permis un accroissement puis un essaimage du noyau reproducteur orléanais. En 2015, 11 départements (hors Corse ) sont concernés par la reproduction de l’espèce et la France continentale totalise 55 couples cantonnés (LPO Mission Rapaces, comm. pers.). En 2022, on dénombre 17 départements occupés (hors Corse) avec 81 couples nicheurs (Cahier de surveillance 2022 - LPO).
L’espèce bénéficie de plusieurs statuts de protection dans toute l’Europe. Elle est inscrite à l’annexe 1 de la Directive Oiseaux, à l’annexe III de la Convention de Berne, à l’annexe II de la Convention de Bonn ainsi qu’à l’annexe II de la CITES. Si le Balbuzard fait à nouveau partie des rapaces reproducteurs de France, son aire de reproduction reste toutefois réduite et isolée. Par ailleurs, le Balbuzard pêcheur est toujours inclus dans la catégorie « Vulnérable » en France d’après la classification de l’UICN (UICN, 2016).
Etat des populations européennes
En Europe, on estime la population entre 8 400-12 300 couples d’après BirdLife (2015). Les populations les plus importantes se situent en Europe du Nord : Suède, Russie et Finlande qui recensent plusieurs milliers de couples. Dans des proportions moins marquées, on retrouve également le balbuzard nicheur en Allemagne, Norvège, Grande-Bretagne, Biélorussie, Lettonie avec des centaines de couples nicheurs. En France continentale, Espagne, Portugal, les populations se comptent par dizaines de couples, tout comme dans le bassin méditerranéen sur certaines îles (Baléares, Corse, Sardaigne) ainsi que sur les côtes d’Afrique du nord (Tunisie, Maroc, Algérie).
Etat des populations de Balbuzard pêcheur en France continentale
En France, le Balbuzard pêcheur est classé nuisible en 1902 et les derniers couples nicheurs disparaissent en 1903 (Nadal & Tariel, 2008). En 1964, un premier arrêté du 24 novembre interdit la destruction de l’espèce. Par la suite, l’arrêté ministériel du 24 janvier 1972 fixe la protection totale des rapaces diurnes et nocturnes. Enfin, l’Arrêté du 29 octobre 2009 fixe la liste des oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire et les modalités de leur protection.
Population nicheuse
En 1985, un couple vient spontanément nicher à nouveau, le long de la Loire en Région Centre-Val de Loire. Les opérations menées dans les années 70 par le FIR (Fond d’Intervention pour les Rapaces), puis plus récemment par la « LPO Mission Rapaces » dans le cadre des 2 Plans Nationaux d’Actions (1999-2004 / 2008-2012) ont permis un accroissement puis un essaimage du noyau reproducteur présent en forêt domaniale du Loiret (45) et en forêt de Chambord vers d’autres départements périphériques.
En 2016, 12 départements de France continentale ont été concernés par la reproduction de l’espèce (cf. figure 2) depuis son grand retour en 1985 sur le département du Loiret (45). En 2017, la population reproductrice continentale avoisine les 55 couples (données naturalistes, experts, LPO Mission Rapaces).
Population hivernante
Historiquement, la première mention d’hivernage en France de l’espèce date de l’hiver 1985/1986 et concerne les départements des Pyrénées Atlantiques et de la Vendée. Depuis, l’hivernage s’est étendu de la côte méditerranéenne jusqu’au sud-ouest de la France avant de s’étendre quasiment à toute la façade atlantique. Les derniers nouveaux cas d’hivernage recensés en 2012 et 2013 concernent 4 départements (56, 57, 79, 11).
Dans le cadre du second PNA (2008-2012), à l’initiative du réseau des 3 réserves naturelles nationales des Landes, un formulaire d’enquête a été diffusé par la LPO Mission rapaces auprès de naturalistes et structures qui centralisent des données, afin de dynamiser les remontées d’informations et/ou les prospections concernant l’hivernage 2011/2012 et 2012/2013. Suite aux nombreux retours, des cartographies ont pu être établies (Lesclaux P., Darblade S., Bailhes X., 2014).